Les maillots de foot rétro sont devenus en quelques années un phénomène de mode. De plus en plus de points de vente voient le jour, sur le web ou à Bruxelles. Les prix, eux, sont de moins en moins démocratiques et les contrefaçons sont légion.
Un magasin permanent rue des Riches Claires, des modèles qui pullulent dans les friperies de l’hyper-centre, vente “one shot” chez les Petits Riens et maintenant un pop-up store. Les maillots de football vintage garnissent de plus en plus les penderies des magasins spécialisés ou de seconde main de notre capitale. Autrefois limité à certains fétichistes, ce marché a explosé depuis quelques années.
1000 maillots en 4 jours
“Nous avons commencé en 2019 par une vente par jour”, se souvient Paul, co-fondateur de Vintage Football Area qui a pris ses quartiers jusqu’à samedi rue Darwin, à quelques pas de la place Brugmann. “Aujourd’hui, nous vendons entre 60 et 90 vareuses par jour. Nous avons un stock de 50.000 maillots, des grands championnats, mais aussi des plus exotiques”.
Ces jeunes entrepreneurs n’ont pas débarqué d’Alsace avec l’ensemble de leur collection dans la boutique éphémère d’Ixelles. Mais ce sont pas moins de 1000 maillots qui sont en vente pendant quatre jours. “Nous vendons principalement par internet, mais nous avons déjà ouvert des pop-up store en France. C’est une première hors de nos frontières”, ajoute Paul. “Beaucoup de nos commandes viennent de Belgique, cela nous paraissait naturel de venir dans votre capitale”. “Ça respire le foot, ici à Bruxelles”, ajoute Clément, qui est notamment chargé de la communication.
Point G
Sur place, des maillots rétro d’Anderlecht ou des Diables Rouges côtoient des équipes étrangères. Quelques-uns, présents dès l’ouverture, repartent avec une vareuse mauve et blanche frappée du G de la Générale de Banque (les plus anciens se souviendront). D’autres prennent le temps de dénicher la perle rare. L’engouement est réel et pose question. “Il y a à la fois la passion et la nostalgie du foot d’antan. Il y a un côté madeleine de Proust ou émotionnel. Il y a aussi une volonté de se différencier : les fans ne veulent pas nécessairement porter le maillot que tout le monde peut trouver en boutique. Les maillots que nous vendons ne se trouvent plus en commerce. Cela permet d’être unique et c’est devenu un accessoire de mode qui dépasse les fans de foot”.
Jusqu’à 1.000 euros
Le prix, lui, peut dépasser l’entendement pour les non-initiés. Sur place, un maillot away d’Arsenal de 91 est vendu à 400 euros, un autre, du FC Metz, 500. Et sur le site, certains modèles peuvent atteindre les 1000 euros comme ce maillot du PSG de la saison 75/76 de l’équipementier (oublié) Kopa Heurtefeu. D’autres articles d’époque sont moins onéreux, mais coûtent en moyenne 150 euros. “Quand on aime, on ne compte pas”, comme le dit l’expression.
“C’est devenu un marché de niche et du luxe”, concède Alexandre De Meeter, fondateur de Sportimize spécialisé en marketing sportif. “Ces maillots se vendaient 10-20 euros il y a encore dix ans. Désormais, les prix flambent, tout simplement parce que la demande a augmenté et que l’offre est limitée. Il y a une trentaine d’années, les équipes ne vendaient pas de maillots comme maintenant. Donc ceux de l’époque sont presque introuvables et rares. Et en plus, la tranche d’âge (28-45 ans) attirée par ce genre de produit peut mettre le prix”.
Aujourd’hui, on est passé de la simple revente de particuliers à particuliers d’abord sur eBay, ensuite sur Vinted à de réelles entreprises commerciales inspirées par le modèle “Classic Football Shirts”, venu de Manchester.
“On a vu émerger deux modèles”, analyse Alexandre De Meeter. “Celui issu des écoles de commerces qui cherche à vendre 3 à 4 fois le prix d’achat pour générer du business. Et celui des vrais fans de base qui ont développé leur propre commerce”.
Arnaques
Pour autant, l’objectif est le même : vendre des pièces authentiques. “Sur les sites de seconde main, le risque est de tomber sur des faux maillots. Or, ici, on ne propose que des vrais qui sont presque introuvables. On peut vite se faire arnaquer”, remarque Clément de l’équipe de Vintage Football Area.
“Le danger est de payer un prix fou pour une contrefaçon”, ajoute Alexandre De Meeter, par ailleurs lui aussi collectionneur. “Un maillot vintage trop parfait n’existe pas. Avec les années, les couleurs sont un peu passées. Cela fait partie du charme. Et puis, il y a d’autres astuces développées par les équipementiers : certains cachent une petite étiquette avec le mois et l’année de production. Un petit coup d’œil sur le web pour comparer le flocage, l’écusson ou le nom des joueurs peut également éviter de se faire avoir. Et enfin, un prix trop bas est également un indice de la véracité ou non du maillot”.
L. Struys